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    La France métisse

     

    par Georges

     

    Ils s’appelaient Novak, Grabosky, Kazmarec

     

    Ils vinrent chez nous

     

    Des plaines infiniment monotones de Pologne

     

    De Lodz et Cracovie

     

    Où la Vierge noire

     

    Les a bénis

     

    Ils vinrent

     

    Oublier la misère.

     

    En  travaillant avec et pour nous……

     

    Ils attendent

     

    Serrés à s’étouffer

     

    Les visages figés

     

    Les bouches closes

     

    Dans une cage grillagée

     

    Ils attendent le geste du porion

     

    Et cette descente chaotique

     

    Ces soubresauts métalliques

     

    Cette chute vertigineuse

     

    Qui les entraîne

     

    A une vitesse infernale

     

    Vers les béances de la terre

     

    Vers ces couches charbonneuses

     

    Aussi noires

     

    Que le sang qui bat dans leurs veines

     

     

    Ils reviennent des entrailles de la terre

     

    De cette étuve qui les liquéfie

     

    De cette odeur de moisie et de suie

     

    Qui les raidit

     

    Ils reviennent les mains durcies

     

    Par les pics, par les rivelaines

     

    La lampe d’acétylène

     

    Pendue à leurs ceintures

     

    Épaules contre épaules

     

    Souffrance contre souffrance.

     

    Muets, engoncés dans leur silence

     

    Que recouvraient les grondements des haveuses.

     

    Du tréfonds de la terre

     

    Ils reviennent le visage blême

     

    Les cheveux collés à leurs fronts noircis

     

    Ils reviennent à la lumière

     

    Ils reviennent à la vie

     

    Les femmes attendent, elles prient :

     

    C’est bon pour aujourd’hui

     

    Mais que sera demain ?

     

    La roue du chevalet scellera leur destin 

     

    L’éboulement

     

    Ou le sinistre coup de grisou

     

    Ou plus lentement

     

    Mais tout aussi inexorablement

     

    La sournoise silicose

     

    Ils décrocheront leurs haillons

     

    Au gibet des pendus

     

    Et reprendront visage humain

     

    Au café que tenait

     

    Fred l’éclopé

     

    Que la mine avait congédié.

     

    Ils repartent

     

    Vers la maison

     

    Vers le coron

     

    Les femmes les suivent

     

    Tenant à la main

     

    Un cabas portant le repas du soir.

     

     

    Ils venaient presqu’en voisins

     

    De Calabre ou des Pouilles

     

    Ces terres dépouillées de tout

     

    L’accorte Mama 

     

    Et sa marmaille volubile

     

    Suivaient avec leurs baluchons

     

    Le vaillant Giuseppe

     

    Parti travailler au salin Giraud.

     

    Au pied de la royale Aigue Morte.

     

    La douce Provence

     

    Les accueillit sans ménagements :

     

    Jurons à la bouche

     

    Bâtons à la main

     

    Et pieds au derrière

     

    « Giuseppe, tu nous voles notre pain ! » 

     

    Pour survivre

     

    Guiseppe

     

    Persévéra

     

     Cueillant nos melons et nos raisins

     

    Les reins brisés.

     

    Pour que Jean Michel, né en France,

     

     Ne connaisse pas cette galère

     

    Et devienne bon fonctionnaire.

     

     

    Qu’ils s’appellent

     

    Mohamed, Idriss ou Mouloud

     

    Leurs noms

     

    Sont couchés à jamais

     

    A Dixmude

     

    Au Monument français de la Grande Guerre

     

    Car morts pour notre liberté

     

    Comme, quelques années plus tard,

     

    Les Tabors marocains de Monté Cassino

     

    Ou les résistants de l’Affiche rouge.

     

    Aux Trente glorieuses

     

    Pour reconstruire

     

    La France exsangue

     

    Ils sont venus

     

    Des ergs et barkhanes des déserts

     

    De la populeuse Constantine

     

    Des plaines de la Mitidja

     

    De l’Angade et de Souss

     

    Et de bien d’autres ailleurs

     

    Travailler dans nos usines

     

      Et Farid et Azzedine

     

    Enfants du travail à la chaîne

     

     Gagnèrent

     

    Sur la pointe des pieds

     

     Les classes d’écoles normales

     

    Pour apprendre, plus tard, le français

     

     A Mohamed, Guiseppe, Grzegorz et Sébastien.

            

    Au fin fond de la Tunisie

     

    Au seuil du désert infini

     

    Dans un humble douar

     

    Tout de blanc vêtu

     

    Se tenait une épicerie

     

    Qu’il fallut vendre à bas prix

     

    Quand sonna

     

    L’heure de l’indépendance

     

     

    Ils s’appelaient

     

    David, Salomon, Jacob

     

    Judith, Rachel et Rosette.

     

    Ils rassemblèrent leurs hardes

     

    Sans oublier kippa, chandeliers

     

    Et talmud cartonné.

     

    Affalés au bastingage

     

    D’un paquebot tout rouillé

     

    Ils virent s’éloigner

     

    La terre des oliviers et des palmiers.

     

    Ils prirent racine à Sète

     

    Au plus près

     

    De leur terre mémorielle

     

    Laissant les plus jeunes

     

    A l’école de la République.

     

    Plus tard, Rosette enseignera l’anglais

     

    A Mohamed, Guiseppe, Grzegorz et Sébastien.

     

     

    Privés d’esclaves dociles,

     

    Cafres émancipés

     

     Achetés, jadis, aux royaumes africains,

     

    Les planteurs de la Réunion

     

    Firent venir

     

    Pour couper la canne

     

    Et faire fructifier leurs magots

     

    Des « engagés », main d’œuvre à vil prix,

     

    Arrachés pour le pire

     

    A leur Bengale natal

     

    Leurs vies n’eurent rien d’un feu d’artifice

     

    Mais Youssouf et Firosa

     

     Enfants des labeurs silencieux

     

    Se bâtirent une vie exemplaire

     

    , Auréolé d’une île enfin arc en ciel,

     

    Au seuil d’une boutique où ils vendaient des saris

     

    Et des pendentifs en dent de tigre,

     

    A Mohamed, Guiseppe, Grzegorz et Sébastien

     

    Mémoire d’un passé révolu

     

    Mais jamais totalement effacé.

     

     

    La frêle Maria

     

    Voyagea sans bagage

     

    Sans valise en carton,

     

    Oublia

     

    Le piquant de l’ail

     

    La rondeur de l’oignon

     

     La morue onctueuse

     

    Et le gouleyant Porto

     

    Qui murit

     

    A deux pas de sa maison natale

     

    Et elle servit et desservit

     

    Dans quelque auberge étoilée

     

    Fée alerte

     

    Sans cesse en mouvement.

     

     Rien ne la rebuta.

     

    Elle apprit le Français

     

    Elle passa des concours

     

    Trouva l’amour 

     

    Et enfin quelque répit

     

    Tout en accueillant

     

    Les malades

     

    D’un quartier défavorisé.

     

     

    Ils fuyaient les hordes franquistes

     

    La puanteur des cadavres et les maisons rasées

     

    Emportant dans un sac

     

    Une poignée de leur terre

     

    Ils marchèrent titubèrent trébuchèrent

     

    Transis, les pieds meurtris

     

    Portés par un rêve

     

    Au-delà des montagnes

     

    Celui d’un rivage plus fraternel

     

    Qui les enferma, un temps,

     

    Dans de biens sordides camps.

     

    Ils prirent racine

     

    Et truelles ou balais à la main

     

    Bâtirent nos maisons

     

    Nettoyèrent nos carrelages

     

    Ils s’appelaient Estéban Inès

     

    Pablo ou Paola

     

    Et leurs enfants portent encore en eux

     

    La mémoire des souffrances endurées

     

    Et

     

      Ces enfants de l’exil sont devenus mes amis … 

     

     


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    Ramassage pour Ikebana de printemps avec Solange

     

     

     

     

     

    Par tous les temps, Solange sait nous guider sur les chemins qui

    mènent aux fleurs qui composeront un magnifique ikebana.

     


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    Randonnée sportive avec Chantal S

     

     

     

     

     

     

    Un lundi sur deux, Chantal S vous guide pour une randonnée sportive.

     

    Des itinéraires variés pour ceux qui aiment les défis physiques.

     

     

     

     Prérequis : Bonne forme physique, bon équipement et signer une décharge de responsabilité.

     

    Lieu de départ : parking salle Germinal à Désertines

     

     

     


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    Fleurs en tissu avec Frédérique

     

     

     

     

    Une après-midi au milieu des fleurs ne peut-être que belle.

     

    Un savoir faire, de la créativité, de la joie ; peut-être la recette des « fleurs de méninges »…

     

     

     

     

     


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    Se défendre des escroqueries numériques avec Nora  

     

     

    Bien qu'il soit assez compliqué de se protéger des attaques ciblées, il est possible de se prémunir face aux attaques massives.

     

     

    Au programme

     

     

    Petite hygiène numérique

    • Habitudes et dispositifs à mettre en places

     

    Connaître ses droits pour les exercer 

    • Les sites ressources gouvernementaux et non gouvernementaux

     

    Comment réagir à une cyberattaque/cybermalveillance 

    • Les sites qui nous accompagnent dans nos démarches

     » et parvenir à détourner de

    S'informer

     

    Se former 

    Présentation d'un excellent Mooc (formation en ligne) sur la cybersécurité. Cette petite formation gratuite (à votre rythme), accessible au plus grand nombre, vous aidera non seulement à apprendre à vous protéger mais aussi à mieux comprendre le cyberespace.

     

     


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